la souffrance trop souvent ignorée
En France, je trouve que nous sommes encore trop démunis face à la douleur!! Il existe pourtant des moyens de soulager cette douleur, tels que la morphine..
Là encore, nous avons un rôle important. Il est de notre devoir de bien observer le malade afin de constater tout signe pouvant supposer une souffrance.
Il y a une échelle d'évaluation de la douleur, simple d'utilisation lorsque le patient est encore capable de s'exprimer, mais lorsque la parole n'est plus possible, il suffit de regarder le visage de nos patients pour savoir s'ils souffrent. Ensuite, nous transmettons aux infirmières qui de leur coté en font part aux médecins!
Mais c'est parfois tout un parcours du combattant pour faire entendre raison à certains médecins qui hésitent encore trop souvent à prescrire des antalgiques suffisamment puissants! Sur ce coup là, les infirmières ont du boulot, car elles ne sont pas souvent écoutées.
Le médecin, le chirurgien, du haut de sa toute puissance, peut se montrer obtus! Je dis ça parce que je l'ai vécu! J'ai vu des infirmières se battre pour obtenir des prescriptions de morphine pour des patients en fin de vie qui souffraient terriblement...Je n'entrerais pas dans les détails mais l'acharnement thérapeutique, c'est encore quelque chose de trop fréquent chez nous!!!
J'ai également travaillé durant 11 ans dans une maison de retraite...Alors là, c'était l'horreur au quotidien! nous avions un directeur complètement insensible!pour lui, seul l'argent comptait!! quand aux médecins, ils étaient toujours pressés. Lorsque j'ai voulu suivre une formation en soins palliatifs, ça a été là aussi un sacré parcours!
La formation coutait à l'époque 2000frs; mon directeur a bien entendu refusé de me la payer, je suis alors passée par un organisme d'Etat dont je tairais le nom, qui a lui aussi refusé de me la payer! Bref, le centre qui organisait cette formation a fini par me l'offrir!
Je la suivais donc sur mes jours de repos!
Lorsque cette formation a été terminée, j'avais appris plein de choses, et je voulais bien évidemment les mettre en pratique.... Résultat, mon directeur m'a dit texto: "..vous nous emmerdez avec vos soins palliatifs!!!"
INADMISSIBLE!!!!
Et je peux vous garantir que mon cas n'est pas unique.....
La souffrance est un peu mieux reconnue et traitée dans le cas de maladies mortelles, mais chez les âgés, elle est totalement ignorée quel que soit leur état de santé!
Voilà une des raisons pour lesquelles je suis partie travailler en Suisse...j'y reviendrais dans le chapitre suivant.
