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Aide-soignante et fière de l'être! 
 
 
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l'histoire de mon papa

 
 
Après plus de 3 semaines à l'hopital, mon papa est rentré chez lui dans un état inquiétant. 
A la base, il était hospitalisé pour un tassement vertébral, mais lorsque je suis allée le voir, il ne s'est pas plaint de douleurs dorsales, il m'a dit: " je souffre de solitude!" ce qui, a mon sens, est significatif! 
 
Il faut savoir que mes parents sont âgés, 83 ans pour lui, et 80 pour ma maman, et qu'ils vivent sur les hauteurs d'un petit village avec très peu de voisins proches! de plus, ma mère est malvoyante!  
Le 1er jour d'hospitalisation, j'ai tenté de voir le médecin mais ça n'a pas été possible, ce que je peux tout à fait comprendre étant donné la tonne de travail qu'ils ont. Il m'a proposé un rendez-vous le surlendemain mais j'étais moi-même dans l'incapacité de m'y rendre, alors j'ai donné mes coordonnées personnelles et professionnnelles afin qu'il m'appelle, mais j'ai espéré cet appel en vain! J'étais inquiète car mon père tenait des propos incohérents et je le trouvais très diminué physiquement et psychologiquement! 
 
Quelques jours plus tard, je me rends à l'hopital en sortant de mon travail et je trouve la chambre vide.. Mon père avait été tranféré dans un autre hopital mais personne n'avait été prévenu(sic); Je me rends donc là-bas, et trouve mon papa complètement désorienté, confus, perdu et très douloureux! Le personnel soignant me dirige vers la doctoresse présente dans le service! 
là, je me retrouve face à une jeune femme qui ne daigne pas lever les yeux des dossiers qu'elle est en train de remplir, qui m'affirme que mon père est tout à fait bien, qui me reproche d'avoir refusé l'entretien proposé par l'autre médecin et qui n'accepte aucune explication. Je me suis sentie ignorée, méprisée, mise sur le banc des accusés, elle a totalement manqué d'empathie et d'écoute, et a terminé de me saper le moral! bref, je suis sortie de son bureau en larmes et sans réponses à mes questions.  
 
A chacune de mes visites, je trouvais mon père au fond de son lit, déshydraté, perdu! J'avais discuté avec le personnel et, pour avoir moi-même travaillé en France, je sais comment ça se passe! 
L'état ne donne pas les moyens au personnel de faire un travail de soin et d'accompagnement correct, les conditions sont désastreuses et même avec la meilleure volonté du monde, les infirmiers ou aides-soignants ne peuvent pas apporter aux patients et aux famille l'aide, l'écoute et les soins qu'ils sont en droit d'espérer. 
 
 
Quelques jours plus tard, il a été tranféré dans un centre médical. Là encore, la famille n'a pas été avertie!  
Très joli centre, avec une superbe chambre personnelle, mais dans laquelle jamais je n'ai vu de personnel pénétrer, très grande salle de rééducation, mais dont mon père n'a pas profité malgré ses difficultés à se déplacer, bref, beaucoup d'apparat pour peu de soins! 
 
Un jour, au téléphone, mon père m'annonce qu'il sort dans quelques jours, alors j'appelle le service soignant qui me confirme la sortie! Il est confus, probablement en début de démence sénile, avec un diabète difficile à controler, mais...il sort! Et nous n'en sommes même pas avertis. Il y a quand même de quoi se poser des questions!
 
 
Aujourd'hui, mon père est chez lui, une infirmière passe matin et soir pour les soins minimums, mais ce n'est pas suffisant, seulement les services de soins à domicile n'ont pas de personnel alors ma mère doit gérer son début de démence, ses colères, son incontinence, sa grande difficulté à se déplacer, ses repas, ses chutes etc...tout ça à 80 ans et avec un déficit visuel important! 
Comment peut on demander au personnel de faire un travail d'accompagnement correct si on ne lui donne pas les moyens de le faire, comment expliquer qu'il y a tant de personnes qui voudraient entrer dans la profession, et qui sont refusées aux examens d'entrée aux cours alors qu'il y a un tel manque de moyens humains tant dans les établissements qu'à domicile, et comment peut on accepter ça? 
 
A tous mes collègues infirmiers et aide-soignants qui passeront par ici, je veux que vous sachiez que je vous respecte et que je vous remercie de continuer à vous battre et à donner ce que vous pouvez pour vos patients! Je sais de quoi je parle, puisque j'ai exercé si longtemps en France, ce merveilleux Pays de liberté, d'égalité et de fraternité, où on laisse les gens seuls pour affronter la maladie et la mort, où ceux qui n'ont pas les moyens financiers ne peuvent avoir l'aide nécessaire à leur vie quotidienne lorsqu'ils sont vieux ou malades! Je ne crois pas que ce que beaucoup d'entre nous vivent, soit vécu de la même façon selon le statut social de chacun! 
Merci à tous ceux et celles qui continuent malgré ça à choisir ce métier difficile et si peu reconnu, moi, j'ai eu la chance d'aller exercer ailleurs,j'ai choisi la facilité. Il m'arrive d'en avoir honte!
 
 
 
 
 
Dessin de Jacques Chauvin, mon père.... 

(c) Frédérique Monet - Créé à l'aide de Populus.
Modifié en dernier lieu le 10.04.2007
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